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PARTIE 1 En quoi l’Eglise a le monopole de l’enseignement ?

1- L'origine de l'Eglise

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  Les hommes ont observé la nature et ils ont vu que rien de ce qui existe n'est apparu tout seul : les plantes, les bêtes et les hommes n’existent que parce qu’ils se reproduisent. Personne ne naît de rien. Je nais de mes parents qui sont nés de leurs parents, qui eux-mêmes sont nés de leurs parents… Les hommes se sont demandés, si on remontait ainsi jusqu’à l’origine, de qui est né le monde au commencement. Ils en ont conclu qu’il devait y avoir quelque chose ou quelqu'un qui avait créé tout cela. Dieu est alors conçu.

  Ainsi, d’après l’Ancien Testament, ce serait ce Dieu qui aurait dicté dans son intégralité à Moïse sur le Mont Sinaï, la Genèse* du monde. Les premiers éléments qui mentionnent son nom furent datés du VIIème  siècle avant Jésus-Christ. La Genèse, le premier livre de la Torah juive, et donc de la Bible, retranscrit ce que Dieu aurait dit :

 

 ”Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.”

 

5034 creation hommeMichel Ange, la Création d'Adam1508-1512, fresque de la chapelle Sixtine, Vatican (source)

 

    La naissance de Jésus-Christ apporte une preuve de plus que Dieu est sur Terre en tant que guide. Malgré les persécutions, le christianisme progresse et gagne une partie de l’Empire romain. Ainsi, au IIIème siècle, l’empereur Constantin le Grand devient le premier empereur romain chrétien. La religion chrétienne n’est alors qu’au commencement de son expansion. Elle s’imposera sur toutes les autres en Europe et traversera les époques. Le christianisme atteindra son apogée au Moyen-Age, l’Eglise exerçant alors son influence sur toute la Chrétienté.

 Elle rythme la vie des hommes du moyen-âge. Les fidèles assistent à la messe du dimanche, se confessent au moins une fois par an, communient le jour de Pâques. Elle offre une vision totalement chrétienne du monde.

  L'Eglise au Moyen-Âge est l’acteur incontournable. Au contact de la population dont elle essaie de répondre aux besoins, elle est bien souvent plus riche et plus puissante que les rois, disposant d'une richesse considérable grâce :

 - à l'impôt qu'elle perçoit de la population en échange de ses services : la dîme.

 - aux très nombreux dons (en or ou en terre) de ses fidèles.

 - aux vastes terres qu’elle possède et qu’elle cultive ou qu’elle loue à des paysans.

Cette richesse s’affiche particulièrement à travers les chantiers des cathédrales gothiques au XIIIème siècle. Ces dernières marquent visuellement la suprématie de l’Eglise dans les principales villes de France et d’Europe.

2- Le monopole de l’enseignement de l’Eglise

   

  La puissance de l'Église se reflète alors aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine de l’enseignement. La copie et la traduction des manuscrits antiques sont assurées par les moines copistes. Les premières écoles du IVème et Vème sont sous la direction de l’évêque des différentes villes. On y enseigne alors les “Sacra Doctrina*, la science unifiée, c’est-à-dire toutes les sciences naturelles regroupées en une seule, et le savoir élémentaire tel que lire, écrire et compter. Plus tard, sous l’ordre et l’autorité du pape, les premières universités du XIIème siècle sont fondées et sont dirigées par des religieux. D’après le théologien Marie Debrice Tiomela que nous avons interrogé : 

 

“L’essor des universités entraîne alors la segmentation de la science en différents domaines (rhétorique, astronomie, arithmétique, géométrie) car on prend conscience que la raison humaine est capable d’aboutir à une vérité scientifique. Et c’est pourquoi dès le XIIème siècle, les universités essaient de faire en sorte que foi et raison aillent ensemble, la théologie (étude des Écritures Saintes mettant en lien foi et raison) est alors née. La théologie apparaît alors comme la science la plus accomplie, qui surpasse de loin les sciences naturelles et la philosophie, dans la mesure où ce que l’on étudie est “la parole de Dieu”. Cet enseignement théocentrique est alors vu comme fondamental et légitime puisqu’il se base sur la “Sacra Doctrina”.

 

  L’Eglise est donc un acteur incontournable puisqu’elle monopolise les lieux d’enseignement.

 

“Les chercheurs étaient dans leur droit de dire que telle affirmation de la foi était en contradiction avec ce qu’ils avaient démontré, même si cela n’était pas tout de suite accepté. Elle n’empêchait pas le monde de penser, mais le système de réflexion était conçu de manière à ce que cela soit les Écritures Saintes qui prédominent la pensée.” éclaircit M. Tiomela.

 

“D’ailleurs, les chercheurs du Moyen-Âge sont théologiens, philosophes, astronomes… Cela prouve bien que l'Église était pour l’avancée de la science. Elle n’était pas là pour protéger ses dogmes, au contraire elle désire que l’humanité ait accès à la connaissance.” M. Tiomela

 

  L’Eglise n’est donc au début pas un frein pour la science, mais plutôt un accélérateur.

 

“D’ailleurs, les chercheurs du Moyen-Âge sont théologiens, philosophes, astronomes… Cela prouve bien que l'Église était pour l’avancée de la science. Elle n’était pas là pour protéger ses dogmes, au contraire elle désire que l’humanité ait accès à la connaissance.” M. Tiomela

 

 

3- Une conception géocentrique durant deux millénaires

  

   L’Eglise affirme que la Terre est au centre du monde, puisqu’elle est l’œuvre de Dieu. Dans la Genèse sont écrites les preuves de la Création du monde par Dieu :

”Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

 

[...]

 

Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ;

 

et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi.

 

Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles.

 

Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre,

 

pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon.

 

Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.” Genèse

 

 Dans cet extrait, on voit bien que Dieu porte le rôle de Grand Créateur. Il est normal alors de dire que la Terre soit au centre du monde. Cependant, le théologien rappelle :

 

“L’Eglise n’affirme pas que c’est un centre de gravité, un centre géophysique. Dans la Genèse, quand on dit “Dieu crée”, on ne parle pas d’un univers physique, on parle de la naissance de quelque chose. Et quand on dit “place l’Homme au cœur”, cela signifie juste que parmi tout ce que Dieu a fait durant la Création, l’Homme est la création la plus aboutie. Mais n’oublions pas qu’il crée ce que nous voyons et également ce que nous ne voyons pas, ceci étant dit dans le Credo. C’est pourquoi l’Eglise encourage la recherche. Et ce monde invisible, qui doit le découvrir ? Si ce n’est la curiosité scientifique.”  

 

 Cette conception plaçant la Terre au cœur du monde est évoquée dans la Bible. Néanmoins, nombreux sont ceux qui placent la Terre au centre du monde. A commencer par l’école d’Athènes, le géocentrisme a été prouvé comme étant le réel modèle de représentation du monde durant l’Antiquité. Les philosophes et astronomes grecs de l’académie de Platon tentaient alors d’expliquer les nombreux phénomènes célestes.

  De ces recherches se dégagent deux modèles qui ont dominé la pensée scientifique pendant presque deux millénaires : le modèle d’Aristote, et le modèle de Ptolémée.

 

 

4- Vers un premier jet de l’humanisme

     

   Au déclin du Moyen-Âge, des penseurs théologiens comme Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Pic de la Mirandole, Abélard, revisitent les auteurs antiques notamment Aristote et comprennent ainsi qu’il n’y a pas que Dieu qui est grand. L’Homme de par son intelligence pleine de potentiel a également une place dans le Cosmos. Ces auteurs préparent ainsi l’humanisme en glorifiant l’Homme comme on le fait avec Dieu:

 

“L’humanisme de première heure n’est donc pas un humanisme contre Dieu mais un humanisme d’affirmation de la grandeur de l’Homme.” explique Marie-Debrice Tiomela.

 

 La société médiévale théocentrique se renouvelle alors en société anthropocentrique*.

 L'invention de l'imprimerie par Gutenberg en 1455 a ensuite permis la propagation de ces idées à travers l’Europe, et de répandre une nouvelle curiosité intellectuelle pour les écrits antiques. Cette curiosité se traduira dans tous les arts et disciplines par de nombreuses oeuvres et découvertes comme la fresque de Raphaël “L’école d’Athènes”.

 

Ecole d athenes

Ecole d'Athènes, Raphaël, 1509-1510, Palais du Vatican (Chambre de la signature) (source)

Pourrez-vous retrouver dans cette fresque Aristote, Ptolémée parmi tous ces bienfaiteurs de l'astronomie ? 

 

 

 

Réponse : - Aristote : au centre de la fresque à la droite de Platon en toge bleue

- Ptolémée : sur le bas droit de la fresque, de dos en toge jaune

Thomas d aquin(source)

Thomas d'Aquin (1224-1274) était un religieux théologien de l'ordre dominicain. Il a été l'un des premiers à concilier dans son oeuvre théologique la pensée chrétienne avec la philosophie d'Aristote.

 

Abélard(source) 

 

Abélard (1079-1142) était un philosophe et théologien chrétien. Il a été le premier à instaurer la philosophie d'Aristote dans les écoles. Il est l'un des pères fondateurs des universités. 

 

 

 

Gutenberg
(source)

Johannes Gutenberg (1400-1468) est né à Mayence dans le St Empire  Germanique. Il a été l'inventeur de l'imprimerie à caractères mobiles d'Europe. 

 

 

 

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